Dans le cas du cinéma, l’auteur met en rapport des situations, des actions, des gestes bien avant les dialogues.
Il peut choisir de situer une déclaration d’amour dans un train, devant un coucher de soleil ou dans un lavomatic bruyant. Les trois situations ne produisent pas le même effet. Les histoires sont toujours un peu les mêmes, depuis la nuit des temps.
L’essentiel réside dans le chemin que le narrateur emprunte, les situations, les émotions qu’il provoque.
Un scénario se construit avec une grande rigueur. Cette technique, si technique il y a, s’apprend avec l’exercice du métier. Les livres, les faits divers, la vie des autres et la sienne sont des sources d’inspiration. Les moments de travail ne se limitent pas aux heures passées devant l’ordinateur. Le scénariste se nourrit de tout.
Ecrire un scénario : une histoire culturelle.
Aux États-Unis règne l’idée que le scripte doit suivre un certain nombre de lois. Les manuels présentant ses techniques d’écriture fleurissent sur le marché.
Toutes ces règles ne sont ni stupides, ni inutiles. Elles insistent, par exemple, sur les temps forts à respecter dans un scénario : une histoire devra toujours comporter trois actes (un début, un milieu et une fin), une scène d’exposition, une accroche. Ne pas oublier les temps forts et les coups de théâtre, puis le dénouement et enfin le happy end. Toute narration repose sur des procédés pratiques. Il est utile de les apprendre pour mieux les détourner, les transgresser.
Scénariste de télévision
A la télévision, le scénario a un rôle beaucoup plus important. Il comporte plus d’éléments, tout y est dit. Par exemple, les intentions de jeu des personnages sont précisées. A la télévision en effet, le scripte, une fois terminé, va continuer son chemin sans son auteur. Celui-ci ignore tout du réalisateur qui va s’en servir. Peut-être ne se parleront-ils jamais. Alors mieux vaut donner un maximum d’indications. La télévision a d’ailleurs apporté de profonds changements dans la profession de scénariste. Jusqu’à il y a une dizaine d’années, les scénaristes étaient plutôt rares. La privatisation de TF1 et le bouleversement du paysage audiovisuel qui s’en est suivi, a eu pour effet d’augmenter considérablement le nombre de productions télévisuelles.
Aujourd’hui, toutes les chaînes de télévision produisent et font appel à des auteurs. Le diffuseur définit les règles d’écriture. Ce sont des choix idéologiques, politiques et surtout économiques. Si une chaîne fait le choix de ne produire que des fictions réalistes à caractère social, ce cadre-là est incontournable.
C’est peut-être à ce niveau, à la conception des projets, qu’on se rend le mieux compte des orientations d’une télévision et finalement d’une société.
Un travail solitaire
Un scénario est un outil de travail, pas une œuvre littéraire. C’est un texte qui contient les éléments nécessaires pour le film mais qui n’est pas le film. C’est un texte de travail, destiné à n’être lu que par l’équipe et les acteurs.
Le scénariste doit avoir beaucoup de modestie et de souplesse, car il n’a aucun pouvoir sur l’avenir de ses écrits.
C’est un travail solitaire traversé par de grandes périodes de doutes, comme dans tous les métiers artistiques mais ici, la reconnaissance publique n’existe pas. Le scénariste travaille dans l’ombre.
Il possède un statut d’auteur et ne bénéficie pas des Assedic en période de chômage comme les intermittents du spectacle. Il est payé à l’écriture du script puis au moment de la diffusion.
La question des contrats fait partie des difficultés de ce métier. Souvent à ses débuts, le scénariste écrit des sitcoms. L’exercice laisse peu de liberté mais paie bien : parfois 1 524 Euros pour un épisode.
De nombreux producteurs lancent des propositions d’écriture de séries. Si le synopsis ne convient pas, l’auteur se retrouve sans un sous en poche.